Imaginez un jeune Français, un conscrit, un bleu.

Au sortir du conseil de révision, il a été, comme beaucoup d'autres recrues, triplement reconnu "nbbon pour lre service", "bon pour les femmes", "bon pour la vie".

Nous sommes quelques années avant la guerre de 14, l'une des plus dures à tout jamais que le monde ait connue.

Déraciné, éloigné des êtres aimés, il est happé par cet environnement très masculin qu'est la caserne.

Il raconte, il chante, à coup de troubades, naïves et bébêtes. D'historiettes à deux sous, d'idioties grivoises, l'apprentissage militaire, la chambrée, les femmes, l'ennui... Il transforme l'exaltation des valeurs guerrières, prônées par ses supérieurs, en une comedie humaine où se sont les rêveurs et les simples d'esprit qui triomphent.

Faisant preuve d’un héroïsme de carton pâte, drôle mais inutile, il présage du conflit à venir et se tient prêt à défendre la patrie.
Mais là où le rire et la tendresse pouvaient relever le moral des troupes, surviennent, quelques temps plus tard, le chagrin et la co- lère, qui, au moment de l’offensive du «Chemin des Dames» en avril 1917, substitueront aux paroles insouciantes de la Madelon, la terri- ble chanson de Craonne, composée par les Poilus dans les tranchées: «Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes ... Car nous sommes tous condamnés, nous sommes les sacrifiés».

Il est du pouvoir de tous ces soldats inconnus de faire chanter les ruines. 

 

 

. A PROPOS DU COMIQUE TROUPIER...    

                                                                                                                                                                                                             C’est un genre qui apparaît tardivement.L’inventeur en est Ouvrard père, qui remporta en 1877 avec «L’invalide à la tête de bois» un énorme succès.Puis en 1891, il obtient l’autorisation de paraître en uniforme militaire sur scène.Dès lors, des centaines d’artistes se griment en tringlot et le genre troupier devient un élément indispensable du program- me des cafés-concerts.Paulin, Vilbert, Bach le créateur de la Madelon, Ouvrard Fils et sa «rate qui se dilate», enfin Fernandel ‘ont porté aux nues ce répertoire naïf, d’une bêtise volontaire, où le génie scintille à l’état pur. ..La veste souvent trop courte, ou trop grande, le képi parfois trop petit, la culotte rouge ou bleu horizon, le tourlourou pro- mène sa candeur et sa malice, s’imaginant être déjà connu comme un monument national.S’il chante à peu près pour ne rien dire, ne se souciant que de rendre le philosophe indémontable qu’est le soldat, il agit avec un naturel joyeux sans en rendre compte à qui que ce soit, fût- ce à lui-même.Disparu en même temps que le café-concert dans les années vingt, l’esprit troupier hante encore quelques music-halls, où les revues triomphent, quelques films avec Fernandel (Les Dé- gourdis de la llème, Ignace ... ), ainsi que de rares plateaux de télévision avec un come-back d’Ouvrard dans les années 1970; Et puis plus rien.Fin du comique troupier.

 

 

. PARCOURS .

Ce récital spectacle a été créé au Théâtre de la Vieille Grille en 2008, et a reçu le label du comité du Centenaire 14-18.
Programmé dans de nombreux festivals, on a pu découvrir ce tour de chant encore récemment au Festival d'Etretat 2014, au Festival des Itinéraires de la Marne 2015, mais aussi à Suippes au Musée 14-18, au village du Bournat dans le Périgord, en Île de France, à Lagny/ Marne, à Boulogne Billancourt, à Clichy-la-Garenne, aux journées du patrimoine à Saint-Prest...Son actualité est toute entière tournée vers le centenaire Verdun, qui l'emmènera pour une étape de prestige à la Salle Gaveau.